Préservation de notre SMG et nos emplois : ACTE I

Amis de l’air et de l’espace bonjour ! 

 

Bon, tu l’as vu, la situation s’aggrave en France et dans bien d’autres pays. On parle de nous confiner de nouveau, ce qui ne nous aiderait pas. En fait, on ne le savait pas encore à ce moment là, mais en juin, on n’était même pas au milieu du chemin. Bref. 

Les pertes s’accumulent pour notre entreprise et l’heure est à trouver des solutions pour retarder le plus possible le moment fatal dont personne ne veut entendre parler. 

Ces solutions existent. Elles sont gouvernementales, comptables, mais aussi collectives. Elles ne sont pas miraculeuses et, dans la situation qui est la nôtre, elles ralentissent la chute sans la stopper. 

Ne nous racontons pas d’histoires : seul l’arrêt de la pandémie peut stopper cette malheureuse dynamique.

 

 

Les solutions offertes par l’État sont en place. Pour nous, salariés, elles ont la forme d’AP (Activité Partielle) et bientôt d’APLD (Activité Partielle Longue Durée).

 

Les solutions comptables sont mises en oeuvre par l’entreprise pour limiter les charges fixes et ralentir drastiquement la disparition de ce qui reste de nos fonds. On a déjà parlé de ça tout au long de nos communications. Toi même tu sais. 

Les solutions collectives, c’est à nous, partenaires sociaux, de les trouver. 

Quand on en arrive là, c’est que la situation le nécessite. 

 

Et ce qui est nécessaire à l’heure actuelle, c’est de trouver des biais pour éviter que nos salaires baissent encore. Des solutions viables, justes et logiques. On se permet de préciser parce que la première solution présentée à l’entreprise, dès les premières heures de la crise, fut un Accord de Performance Collective très sérieusement proposé par un syndicat proche du MEDEF… Soit travailler plus pour gagner moins… Solution qui fut évidemment écartée par tous les syndicats sérieux et même par la direction elle même puisque, tu peux l’imaginer,  travailler plus quand y’a pas de boulot est d’une logique plus que foireuse. Bref. 

Ce genre de crise nécessite logique, réflexion et professionnalisme, ce que tous les autres syndicats savent mettre en oeuvre en mettant de côté toutes velléités politiques, électoralistes et individualistes. 

 

Donc, tu connais comme nous la problématique. Pas de PAX, pas de vols. Pas de vols, pas de tunes. Pas de tunes, pas de palais. Pas de palais…. Pas de palais.

On a déjà beaucoup donné. Et donner plus que cela, pour la plupart d’entre nous, c’est la porte ouverte à la précarité. 

Problème : les dispositions APLD offertes par l’État sont moins bien indemnisées que l’AP. Donc, des tunes qui partent encore plus vite…. Dure équation. 

En discutant avec tous les services, la direction et tous les syndicats sérieux, nous avons acquis, dès le début, la certitude qu’il fallait à tout prix sauvegarder le SMG. Mais pour ça, il faut du pognon. 

On se mord la queue et pas que.  

 

 

Et puis, Eurêka ! Les avions vides… ils sont vides… Et nous, on est en COMPO PEQ MAX quoi qu’il arrive, que l’avion soit FULL ou qu’il soit vide… et ils sont vides pour un sacré bout de temps encore…


La Direction du PNC est arrivée avec une proposition de COMPO PEQ adaptée sur les avions peu remplis permettant d’éviter une baisse de 10% du MGA, mesure engendrant une économie de 30 millions d’Euros. On a fait, bien entendu, calculer par les services concernés combien il faudrait enlever de PNC au max du max sur nos avions vides pour compenser les baisses d’indemnisation dans le cadre de l’APLD, le tout sans générer plus de boulot et plus de fatigue : 3 max, et encore pas sur tous les avions et pas sur tous les vols.

 




Le calcul est compliqué mais le résultat est simple et logique :

 

En dessous d’un certain remplissage et sur certains avions uniquement, on abat la COMPO PEQ proportionnellement de (x) PNC par (x)% de remplissage sans jamais aller plus loin que – 3 PNC.

Quand le remplissage remonte, on remet progressivement du PEQ et quand il est à 80% et plus, on retrouve nos COMPO PEQ normales.

Plus le remplissage augmente et moins on a besoin de compenser les pertes puisqu’on gagne des sous. Plus le remplissage baisse… T’as compris.


C’est simple et logique à la fois. La COMPO PEQ reste toujours favorable au regard de ce que prévu par l’ACG et notre Salaire Minimum Garanti est préservé sur les 24 mois (max) de l’APLD. 

 


Tu liras l’accord (disponible en bas de page) et tu noteras la triple protection encadrant ce dernier. En gros pas d’inquiétude, cet avenant de sauvegarde de nos salaires ne peut pas durer plus que l’APLD. Il n’a plus de raison d’être sur des remplissages à plus de 80%. Et en cas de “raté”, le RADD est payé/accolé/reporté au titre de la “COMPO PEQ” générée conformément à l’ ACG. 

On se souviendra aussi que les services sont allégés pour le temps de la pandémie, et que les remplissages seront en dessous de 50% pour bien des mois encore malheureusement… 

 

Sur Court et Moyen Courrier, les remplissages s’effondrent aussi. Mais il est difficile de les mettre à jour et de gérer les vols au jour le jour sans créer une usine à gaz. Décision a été prise de maintenir l’allègement des services sur les vols “shorts” et de limiter les COMPO PEQ au minimum réglementaire sur tous ces vols en conséquence. Tous les autres vols gardent leur COMPO PEQ nominale même si les services restent “adaptés”.  

 

Oui, nous savons que les vols “shorts” sont des vols temporellement complexes. C’est pour cette raison que le service se limitera, pour la durée de l’accord, à un élément solide (la bouffe) et un élément liquide (boisson). Et c’est tout.

 

En bref : beaucoup de recherches, beaucoup de calculs et beaucoup de discussions pour, intelligemment et logiquement, en arriver à trouver des solutions justes et équilibrées pour que nous puissions tous traverser cette crise sans sacrifier plus notre salaire et dans les meilleures conditions possibles (aussi bien dans le cadre de notre emploi que dans notre vie privée). 

 


Pour anticiper les questions : 

 

NON, ça ne génère pas de sureffectif puisque ce système prendra fin quand les choses iront mieux. Au contraire, ça permet de garder tout le monde à bord en perspective de cette très attendue reprise, sachant que le volume de sureffectif est pris en charge par les systèmes d’AP et APLD. 

 

OUI, ça va limiter les places de DDA. Il faudra collectivement accepter cette contrariété en pensant que c’est soit le DDA, soit la baisse du SMG…. Nous aussi, ça va nous emmerder, mais on préfère pouvoir payer notre loyer et garder notre boulot. 

 

NON, on ne peut pas appliquer le même concept aux pilotes. Perso je ne monte pas dans un CDG-JFK avec 1 seul pilote.

 

OUI, parfois les pilotes sont en supp d’équipage.
Et
NON, on ne peut pas dire que c’est injuste. Un PNT qui perd ses qualifs, c’est 150 000 € par tête à réinvestir. Autant de pognon dont on a besoin pour maintenir notre SMG sans jamais oublier que, pour repartir, on aura besoin de tous nos pilotes. Pas de pilotes pas de vols. Pas de vols pas de pognon. T’as compris. 

 

OUI, les pilotes ont perdu en salaire. Un peu plus de 20% avec l’AP, plus avec l’APLD. Nous, nous avons perdu plus ou moins 15%. Les 10% que nous devrions perdre avec l’APLD seront compensés par l’accord décrit plus haut, accord ne pouvant pas s’appliquer aux PNT. Sur ce coup là, on s’en sort mieux. Une fois n’est pas coutume. Peut être parce que, comme eux, on a à présent un syndicat corporatiste et que par chance il est représentatif ? Va savoir !

 

Il ne reste plus qu’à finaliser l’APLD. 

 

L’accord APLD est un accord conclu avec l’État. Sans lui, nous ne pourrions pas survivre à l’hiver. Autrement dit, au printemps nous ne pourrions plus être payés . On ne te fait pas un dessin. Cette négociation doit aboutir vite avant que l’État ne change d’avis ou, avant une aggravation totale de la situation qui le pousserait à changer d’avis pour une bonne raison. 

On y travaille dur. 

L’APLD est une priorité absolue, sans lui c’est GAME OVER. C’est en cours de finalisation. L’accord de compositions équipages adaptées est complémentaire à ce dernier. L’un sans l’autre reviendrait à soit sacrifier le SMG, soit nous assurer de perdre nos emplois. 

 

Si ça prend du temps, c’est qu’au SNGAF, on s’attarde à ce que la rédaction soit irréprochable tant sur le contenu que sur l’aspect juridique. Irréprochable aussi au regard du respect démontré aux PNC et à leur travail. Cet accord, c’est notre salaire. Et pour qu’il puisse être appliqué, il faut l’aval de la “DIRECCTE”, l’organisme de tutelle de l’État qui valide ou invalide l’APLD. C’est beaucoup de travail d’écriture. On revient vite vers toi à ce sujet.

 


Voilà. On a donc 2 accords.

 

– Un d’ores et déjà signé par le SNGAF pour permettre de préserver du cash et ne plus perdre une tune de plus sur nos salaires, le tout sans nous donner plus de travail ni plus de fatigue.

Un bon accord. Logique et juste. Ne pas le signer reviendrait à refuser à notre corporation le droit de ne pas perdre plus que ce que déjà perdu en passant au SMG. Pour bien des familles de copains, cela serait criminel. 

 

– Un autre, l’APLD, en cours d’élaboration.

Quand ce dernier sera signé, nous pourrons enfin avoir la certitude d’un salaire constant sur les 24 prochains mois maximum (on espère tous ne plus avoir besoin de l’APLD rapidement). C’est pas le nirvana, on est bien d’accord, mais on résiste mieux que nos sœurs et frères d’uniformes d’autres compagnies. Beaucoup sont définitivement au chômage à l’heure où nous parlons. Beaucoup ne reprendront jamais les chemins des nuages. On dira pas qu’on a de la chance, mais on a moins la guigne que d’autres. Et dans le contexte actuel c’est ce qui ressemble le plus à une bonne nouvelle.  

 


 

Voilà les amis ! Nous sommes prêts à résister au deuxième choc pandémique. Nous sommes prêts à traverser la tempête que nous avons cru derrière nous….

 

Qu’elle est longue, cette année 2020. Qu’elle est pénible, cette année 2020. Mais qu’elle est singulière et facétieuse cette année 2020.

Elle nous pousse à nous questionner, à nous réinventer, à nous grandir, à nous unir pour mieux nous battre.
Peut-être que dans cet enfer se cache la porte vers un paradis qu’il nous incombe de trouver. Peut-être l’occasion de changer bien des choses.

C’est terriblement difficile de faire s’arrêter l’horloge d’une compagnie aérienne. C’est presque impossible de suspendre assez longtemps le temps des voyageurs planétaires pour leur permettre de se réinventer.


2020 nous a forcé à rentrer aux hangars et a suspendu notre chronologie. Une chance unique pour nous de tout ranger, tout classer, tout trier, tout repeindre avec de nouvelles couleurs plus en rapport avec ce que nous sommes, ce que nous voulons, ce que nous méritons.

 

Alors oui, on a plus de pognon et c’est peut être, là encore, une chance qui va nous forcer à avoir de l’imagination.


Elle est peut être là, la lumière de cette année 2020.

Dans notre capacité à nous réinventer.

Soyons ceux qui auront mis à profit cette suspension temporelle pour briller plus fort.

 

Que chacune et chacun vienne avec sa flamme et faisons briller plus fort Air France !

 

Le SNGAF veille.

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